Les compagnons du devoir de mémoire, face aux assassins de la mémoire.

 

Il existe un devoir de mémoire.

Une population rendue sans mémoire, ou bien dont la mémoire aurait été falsifiée, se trouverait composée d'individus ayant perdu leur personnalité, ou dont la personnalité aurait été subtilisée pour la remplacer par une autre factice. Ils ne seraient plus eux-mêmes, seraient aliénés, devenus des étrangers à eux-mêmes.

Ils seraient alors susceptibles de devenir de parfaites choses obéissantes entre les mains de ceux qui ont le pouvoir de leur voler leur mémoire, leur mémoire vraie, et qui l'ont remplacé pour une mémoire fausse.

Ils seront devenus obéissants comme des automates, comme des cadavres, ne présentant plus que l'apparence d'être vivant.

Un pouvoir qui serait capable techniquement de subtiliser la mémoire entière de toute la population, changerait la population humaine entière, en une chose composée de non êtres.

Ce pouvoir, qui ne tiendrait plus que par le mensonge, sans cesse réitéré, car devant l'être constamment pour que la population ne s'éveille pas, serait contrait de s'enfoncer inexorablement dans la fosse sans fond de la falsification de la réalité, et d'y entraîner toute l'humanité.

La société humaine se trouverait changée en un monde de morts vivants, maintenus dans un état de suspension hors la vie, une stase, n'ayant plus que l'apparence de la vie, et tous les caractères de la mort, baignant dans une sorte de coma animé.

Voilà ce à quoi sont confrontés les compagnons du devoir de mémoire.

Pierre Vidal-Naquet a écrit en 1987 un livre de référence concernant l'assassinat de la mémoire «  Les Assassins de la mémoire ».

 

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