Gilad Atzmon

L'auteur est un écrivain et musicien [Il est l'auteur du roman A Guide to the Perplexed, traduction anglaise de Philip Simpson, éditions Serpent's Tail, Londres, 2002 ( www.serpentstail.com ), dont la traduction française est en cours]. Clarinettiste et saxophoniste, il a été sacré meilleur musicien de jazz britannique de 2003 par la BBC. Né en Palestine en 1963, il est désormais citoyen britannique. Avec son groupe The Orient House Ensemble, il vient de publier le CD "Musik, re-arranging the 20th Century", ENJA Records 2004.

"Ha-Mechabel"

Les juifs du troisième type et le mouvement de solidarité avec la Palestine

Sex et politique
À propos du sionisme. Et d'autres idéologies marginales
Réponse à Daniel Barenboim, 16 novembre 2004
Le contenu de la paix, dans une nouvelle tonalité, par Daniel Barenboim, Haaretz, 16 novembre 2004
La passion d'Arafat, 14 novembre 2004
Le mur de séparation et le mythe de la gauche israélienne, Gilad Atzmon, 10 juillet 2004
« Not in my name ! » « Pas en mon nom ! » - Une analyse de la rectitude juive, 13 juin 2004
De l'antisémitisme, 16 décembre 2003
Les erreurs les plus fréquentes du peuple israélien, 24 août 2003
Anatomie d'un conflit intrinsèquement irrésolu. Une réflexion philosophique personnelle, décembre 2000

 

"Ha-Mechabel"

par Gilad Atzmon, 6 août 2005.
original : http://umkahlil.blogspot.com/2005/08/ha-mechabel.html .
Traduit de l'anglais par Marcel Charbonnier
Hier, Eden Natan Zada, un jeune Israélien portant un uniforme de l'armée israélienne, a tiré sur les passagers d'un autobus, dans le quartier druze de la ville arabe israélienne de Shfaram, tuant quatre personnes et en blessant douze autres.
De manière très surprenante, pour la première fois, l'opinion israélienne qualifie un judéo-terroriste de Œmechabel', titre réservé uniquement à des combattants arabes de la liberté. Je suggère que nous nous arrêtions un instant afin de nous demander ce qu'il y a en réalité derrière ce glissement linguistique révolutionnaire collectif hébraïque.
Y a-t-il réellement une quelconque différence catégorielle entre Eden Natan Zada ­ dix-neuf ans, depuis peu colon religieux ­ et un pilote de F-16 de l'armée de l'air israélienne qui balance des bombes sur des villes palestiniennes ? Un pilote de l'armée de l'air israélienne ­ le sel de la terre israélienne ­ un juif laïc grandi à Tel Aviv, voire même dans un kibboutz, n'est-il pas un mechabel ? En ce qui me concerne, tout du moins éthiquement, ils sont tout à fait semblables entre eux. L'un comme l'autre, ils sont engagés dans l'assassinat de Palestiniens innocents.
Ainsi, par exemple, y a-t-il une quelconque différence entre Natan Zada et Dan Halutz, le chef d'état-major israélien récemment nommé ? Pour ceux qui auraient réussi à l'oublier, c'est ce Dan Halutz qui a donné l'ordre de balancer une bombe d'une tonne sur un appartement d'un quartier résidentiel de Gaza, le 22 juillet 2002, afin d'éliminer extrajudiciairement l'activiste palestinien Salah Shehadeh, ce qui a entraîné également la mort de quinze innocents qui se trouvaient là, dont plusieurs femmes et neuf enfants. Halutz, à qui on venait de demander quelle impression cela lui avait fait, de lancer une bombe sur un territoire urbanisé, aurait répondu : « J'ai ressenti une petite vibration, dans l'aile de l'avion ».
Du point de vue moral, il n'y a aucune différence entre Natan Zada et Halutz. Halutz, l'ex-commandant de l'armée de l'air israélienne, est sans aucun conteste un mechabel. Mais d'une manière ou d'une autre, les Israéliens ne veulent pas le voir. Pour eux, il s'agit d'un héros national. De même, Natan Zada a intégré l'idéologie d'Halutz. Ne disposant pas d'un jet de combat américain, il a décidé d'agir seul. Il est monté, muni de son fusil d'assaut de l'armée israélienne, dans un autobus rempli d'Arabes. Mais on peut se demander pourquoi l'ensemble de la société israélienne l'a ainsi dénoncé collectivement ? Pourquoi Sharon, lui-même criminel de guerre assoiffé de sang confirmé, a-t-il condamné la tuerie, en recourant aux termes les plus sévères qui soient ?
Qu'a donc ce Natan Zada de si unique ?
Bien entendu, des gens aux tendances fascisantes sont trop heureux de laisser les mains de l'Etat procéder aux pratiques criminelles. Pour eux, dès lors que c'est l'Etat qui assassine en leur nom, ils sont moralement blancs comme neige. Dan Halutz, le chef d'état-major est en réalité un assassin rémunéré par l'Etat.


Pour les Israéliens, Halutz a le droit de tuer.
Pas Natan Zada
Il y a une autre différence ­ cruciale ­ entre Halutz et Natan Zada. Celui-ci avait viré juif religieux depuis peu. Il était colon. Il portait une kippa de colon sur la tête. Et pour ceux qui ne l'auraient pas encore compris, sachez que les Israéliens laïcs haïssent les juifs religieux presque autant qu'ils haïssent les Arabes, ce qui n'est pas peu dire. Pour une raison très simple : parce que la laïcité juive est une qualité vide de sens en elle-même, à laquelle s'identifier. Le juif laïc est engagé dans un processus de dialectique négative. Il hait fondamentalement tout ce qui n'est pas lui-même. Cela inclut les Arabes, les juifs religieux, les juifs éthiopiens, les colons, les Allemands, les Gentils, en fait : tout. L'Israélien laïc hait. Un point c'est tout. Uniquement pour pouvoir définir qui il est.
Mais c'est encore plus profond. Les Israéliens laïcs aiment faire le distinguo entre les Palestiniens des territoires occupés et les Palestiniens qui se trouvent détenir la citoyenneté israélienne. Alors que les premiers sont considérés (et traités) par les Israéliens comme des sous-hommes et une menace démographique, les seconds sont des gens qui sont ­ au mieux ­ des citoyens de deuxième catégorie. A l'évidence, au sein la société israélienne, Halutz n'a aucun problème à massacrer, tout simplement parce qu'il massacre les « mauvais » Palestiniens, ceux qui mettent démographiquement l'Etat juif en danger. Natan Zada, lui, est considéré comme un mechabel, tout simplement parce qu'il a tué des « Arabes israéliens » : Natan Zada n'a pas compris que les Israéliens préfèrent garder les « Arabes israéliens » pour plus tard. Pour l'instant, les « Arabes israéliens » sont là pour fournir à la colonie juive de la main-d'¦uvre à prix cassés ainsi qu'un humus authentique à haut degré d'octane.
Pour l'instant, les « Arabes israéliens » sont autorisés à continuer à vivre. Pour l'instant
A l'évidence, les Israéliens n'aiment pas les Arabes ; ils ne font aucune différence entre ceux qui vivent à Gaza, à Shfaram ou à Riyad. Qu'il me suffise de citer un adage populaire israélien, qui dit : « Un bon Arabe est un Arabe mort ». Les Israéliens veulent que Sharon se désengage de Gaza aussi rapidement que possible non pas parce qu'ils rechercheraient une véritable solution pacifique, mais bien parce qu'ils veulent connaître encore vingt ans de tranquillité dans leur pipeline démographique condamné. Tout ce qu'ils veulent, c'est repousser la fin. La majorité des juifs israéliens soutiennent le retrait non pas parce qu'ils recherchent la paix, mais tout au contraire, parce qu'ils haïssent vivre avec autrui. Les juifs israéliens veulent vivre dans un Etat juif américanisé et ségrégué. L'idée d'une majorité non-juive dans leur Etat national récemment formé les horrifie.
Pour les Israéliens, il est clair qu'on fera leur fête aux « Arabes israéliens », le jour venu. Plus tard
Natan Zada et ses camarades ne sont pas d'accord avec la vision israélienne générale. Apparemment, ils comprennent l'agenda politique sioniste un peu mieux que la plupart des Israéliens. Pour eux, un Arabe est un Arabe, un gentil est un gentil et, plus important, un juif est un juifŠ Ils veulent que l'Etat juif soit réservé au seul peuple juif. Point barre. Natan Zada et ses amis veulent empêcher le retrait sharonien, ils préfèrent s'accrocher à Gaza et le nettoyer ethniquement de ses Palestiniens. Natan Zada voulait une guerre totale. Les Natan Zadas veulent racheter la terre, maintenant, tout de suite. En revanche, Halutz est un général d'armée. Il préfère ne pas mener la guerre sur tous les fronts à la fois. Il pense que la tuerie doit être programmée. D'abord Gaza, puis Jénine, et ensuite ­ ensuite, seulement ­ Shfaram et Jaffa. Il a un avion de guerre américain : il peut prendre tout son temps. C'est du moins ce dont il est persuadé.
Natan Zada rappelle aux Israéliens à quoi va ressembler leur prochaine guerre. Natan Zada est le cauchemar de l'identité laïque israélienne. Contrairement à la plupart des Israéliens, Natan Zada est cohérent et constant. Son message est clair. Il a réussi à intégrer le rêve sioniste. Il se bat en vue d'une société juive purifiée. De fait, Natan Zada est en avance sur Halutz et la plupart des Israéliens. Alors qu'Halutz s'engage dans un nettoyage ethnique progressif du peuple palestinien, Natan Zada étend la bataille à l'ensemble de l'Israël biblique.
Le crime dévastateur d'hier est un appel à se réveiller lancé au peuple palestinien et à tous ceux d'entre nous qui soutenons la cause palestinienne. Nous ne devons en aucun cas nous laisser dépasser par la condamnation apparemment unanime et l'hypocrisie bien-pensante qui prévalent aujourd'hui, en Israël. Le sionisme n'est rien d'autre que le projet d'établir un Etat juif sur l'ensemble de la Palestine. Le sionisme vise à rien moins que la création d'un Etat juif racialement purifié. Le sionisme n'a pas plusieurs visages : il a bien plutôt différentes pratiques politiques et pragmatiques. Natan Zada et Dan Halutz sont, l'un comme l'autre, des assassins. Ils sont, l'un comme l'autre, motivés par la haine de tout ce qui n'est pas juif. Simplement, ils recourent à des stratégies distinctes. Ce n'est qu'une question de temps : le moment venu, tous les Palestiniens, à l'intérieur du territoire israélien, seront les victimes du terrorisme d'Etat israélien.
Il faut éradiquer le sionisme.
Tout de suite.

Les juifs du troisième type et le mouvement de solidarité avec la Palestine

par Gilad Atzmon, 1er juillet 2005. Source : http://www.gilad.co.uk/html%20files/3rd.html . Traduit de l'anglais par Marcel Charbonnier
De mon point de vue, les gens qui se qualifient eux-mêmes de juifs peuvent être classés principalement en trois catégories :

1/ ceux qui observent le judaïsme ;
2/ ceux qui se considèrent comme des êtres humains dont il se trouve qu'ils aient des origines juives ;
3/ ceux qui mettent leur judaïté au-dessus de tout et avant tous les autres traits de leur personnalité.

A l'évidence, les deux premières catégories définissent un groupe de personnes inoffensives. Nous avons tendance à respecter les croyants, car on attend généralement d'eux qu'ils vivent en étant inspirés par leurs croyances et parce qu'ils sont censés obéir à un quelconque code spirituel supérieur. Inutile de préciser que nous n'avons aucun problème avec la seconde catégorie : on ne saurait choisir sa propre origine. Nous sommes tous d'accord pour affirmer qu'il faut respecter les gens et traiter tout le monde équitablement, sans égard à leur origine, ou à leur appartenance raciale et ethnique.

En revanche, le troisième type est largement problématique. A l'évidence, sa définition est de nature à sembler provocatrice à certains. Et pourtant, très curieusement, il s'agit-là d'une formule générale qui résume la vision que Chaim Weizmann avait de l'identité juive, vision qu'il avait exprimée lors de son célèbre discours devant le premier Congrès juif : « Il n'y a pas de juifs anglais, ni de juifs français, ni de juifs allemands, ni de juifs américains : il n'y a que des juifs, qui vivent en Angleterre, en France, en Allemagne ou en Amérique. » [1]

Pour Weizmann, éminente personnalité du sionisme, la judaïté est une qualité première. Vous pouvez être un juif qui vit en Angleterre, un juif qui joue du violon, voire même un juif antisioniste. Mais, par-dessus tout, vous êtes juif. Tout tourne autour du fait de considérer que la judaïté serait l'élément clé dans la personnalité d'un individu. Toutes les autres qualités ne sauraient être que secondaires.

C'est précisément là le message que les premiers sionistes voulaient répandre. Pour Weizmann, la judaïté est une qualité unique en son genre qui empêche un juif de s'assimiler à la nation dont il est citoyen. Il restera indéfiniment un élément hétérogène, un « alien ». C'est précisément cette ligne de pensée qui était plus que patente dans la plupart des récits théoriques sionistes. Jabotinsky, le fondateur du sionisme de droite, pousse même le raisonnement plus loin. Il affirme catégoriquement que l'assimilation est impossible, en raison d'un conditionnement biologique. Voici ce qu'il déclara un jour, au sujet des juifs allemands : « Un juif élevé au milieu d'Allemands peut respecter les coutumes allemandes, le vocabulaire allemand. Il peut être entièrement imbibé de fluide allemand ; le noyau de sa structure spirituelle demeurera juive à jamais, car son sang, son corps, son type physique racial sont juifs. » (Vladimir Jabotinsky ­ « Lettre sur l'Autonomie », 1904). Le lecteur aura remarqué que ces idées d'un racisme outrageant sont antérieures au nazisme. Jabotinsky n'était pas isolé, et même le marxiste Ber Borochov, qui attribue la condition juive à certaines circonstances historiques et matérielles, suggère un remède spécifique au peuple juif : le nationalisme juif, dans lequel les juifs pratiquent quelque activité prolétaire, j'ai nommé : la production. On le constate : Borochov accepte que les juifs soient séparés du reste de la révolution prolétarienne internationale. Pour quelle raison ? Tout simplement parce que les juifs sont uniquement juifs, ou tout au moins, c'est ce que les sionistes ont tendance à penser.

Toutefois, on peut à juste titre se demander si ce ne serait pas les sionistes qui auraient inventé le troisième type ?

Eh bien non, ce n'est pas du tout le cas.

Il semble bien que Shakespeare ait remarqué ce phénomène même voici trois siècles. Shylock, le célèbre usurier de Venise, était tout à fait un juif du troisième type. Il admet clairement être plus que tout un juif, qui possède beaucoup de traits humains. « Je suis juif », dit Shylock, qui demande : « Un juif n'a-t-il pas d'yeux ? Un juif n'a-t-il pas de mains, d'organes, de mensurations, de sensations, d'affects, de passions ? » Et pourtant Shylock insiste à dire qu'il a en partage beaucoup de traits humains : « Nourri de la même nourriture, blessé par les mêmes armes, sujet aux mêmes moyens (de coercition), réchauffé et glacé par les mêmes été et hiver, comme l'est un chrétien. » Shylock clame être essentiellement semblable à l'humanité entière : « Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ? Si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ? Si vous nous empoisonnez, ne mourrons-nous pas ?Š » [2] Remarquons, d'après Shylock, que le juif est vulnérable, comme tout être humain ordinaire et que, néanmoins, il est avant tout juif.


C'est précisément là l'essence du sionisme. Le sioniste est avant tout et plus que tout un juif. Il ne peut être simplement un citoyen britannique qui se trouve être d'origine juive. Il est plutôt un juif, résidant en Grande-Bretagne. Il est un juif qui parle anglais, il est un juif qui est soigné par le NHS, il est un juif qui se trouve conduire sur le côté gauche de la route. Il est l'incarnation de l'Altérité. D'une manière générale, les juifs du troisième type sont les quintessences de l'Autre. Précisément parce qu'ils sont en permanence à la marge, ou à part de toute condition humaine ou de tout paysage humain.

Des agents sionistes


Apparemment, Shylock était sioniste : il correspondait parfaitement au modèle décrit par Weizmann. C'était un juif du troisième type. Certes, Shylock n'est pas allé en Palestine. Il ne s'est pas compromis dans la confiscation des terres des Palestiniens. Il n'est pas même devenu un soldat israélien. De fait, un juif du troisième type n'a pas besoin d'aller en Palestine. Apparemment, vivre à Sion n'est qu'une des possibilités pratiques, dans le cadre de la philosophie sioniste. Pour devenir un sioniste authentique, nous n'avez pas besoin d'aller de place en place. Parfois, il est même préférable de rester exactement où vous êtes. Lisons ce que Victor Ostrovsky, un ex-agent du Mossad, nous dit, au sujet des juifs de troisième type :

« Le lendemain, Ran S. prononça une conférence sur les sanayim, partie importante et unique en son genre du modus operandi du Mossad. Les sanayim ­ les assistants ­ doivent être juifs à cent pour cent. Ils vivent à l'étranger, et bien que n'étant pas citoyens israéliens, la plupart sont recrutés par l'entremise de parents vivant en Israël. Un Israélien ayant un parent en Angleterre, par exemple, peut se voir demander d'écrire une lettre expliquant que le porteur de cette lettre représente une organisation dont le but principal est de sauver des juifs, dans la diaspora. Le parent britannique pourrait-il l'aider, d'une façon ou d'une autre ?Š Il y a des milliers de sanayim, répartis dans le monde entier. Rien qu'à Londres, il y en a environ deux mille, qui sont actifs, auxquels il faut ajouter cinq mille autres, qui figurent sur la liste. Ils remplissent beaucoup de rôles très variés. Un sayan (assistant) « automobile », par exemple, gestionnaire d'une agence de location de véhicules, pourra aider le Mossad à louer une voiture sans avoir à remplir les documents habituels. Un sayan « immobilier » pourra trouver un logement à un agent du Mossad sans soulever la moindre suspicion, un sayan « bancaire » pourra vous trouver de l'argent, si vous en avez besoin, en pleine nuit ; un sayan médecin pourra vous extraire une balle sans faire de déclaration à la police, etc. etc. L'idée, c'est de disposer d'un pool d'auxiliaires disponibles et mobilisables en cas de besoin, qui peuvent apporter des services dans la plus grande confidentialité, par loyauté à la cause. Ils sont simplement indemnisés, et non rémunérés. » [3]

Je suppose qu'il est inutile de préciser que ces sanayim sont par définition des juifs du troisième type ; des gens qui se considèrent avant tout comme juifs. Le sayan est un homme qui trahirait le pays dont il est citoyen, à seule fin de se conformer à la notion bizarre d'une fraternité clanique.

Le sionisme : un réseau international


Ah ! Nous commençons à comprendre que le sionisme ne doit en aucun cas être compris comme un mouvement nationaliste ayant une aspiration territoriale évidente. Le sionisme n'est pas exactement un mouvement colonialiste focalisé sur la Palestine. Le sionisme est en réalité un mouvement international, alimenté par la solidarité des individus du troisième type. Etre sioniste, cela signifie simplement accepter qu'avant toute chose, vous êtes essentiellement juif.

Ostrovski poursuit :

« Vous avez à disposition un système de recrutement absolument sécurisé, qui vous fournit, de fait, un pool de plusieurs millions de juifs auxquels vous pouvez faire appel, à l'extérieur du pays où vous vivez. Il est tellement plus facile d'opérer avec des agents disponibles sur place, et les sanayim offrent un soutien effectif incroyable, absolument partoutŠ Bien sûr, on pourrait suggérer que la Grande-Bretagne, par exemple, pourrait utiliser un système analogue, en recrutant des agents chez les Wasps [les bo-bos] dans le monde entier. Mais les Anglais ne le font pas, parce qu'ils ne le peuvent pas. Il faut un degré incroyable de solidarité et de motivation raciales pour développer et entretenir un tel « système de recrutement sécurisé » et pour veiller à ce qu'il fonctionne à la perfection. Rappelez-vous que toutes ces activités relèvent de l'espionnage, ce qui signifie de longues peines de prison, si l'agent se fait pincer. Des Américains d'origine anglaise, irlandaise et italienne peuvent conserver quelque loyauté résiduelle envers la vieille « mère patrie ». Mais ce résidu n'est rien, en comparaison avec la solidarité des juifs entre eux. Ces sentiments raciaux sont si puissants et envahissants, chez les juifs, que le Mossad savait d'avance que son système de recrutement était dénué d'un quelconque risque. La Grande-Bretagne, l'Irlande, l'Italie et le Vatican se gardent bien (par expérience) d'essayer d'instituer un tel système. [4]

Ostrovsky nous parle, dans ce passage, de « solidarité raciale ». Mais, de fait, les juifs sont loin de ressortir à une unique race. Aussi ironique cela puisse sembler, la plupart des Palestiniens sont plus juifs, du point de vue ethnique, que les juifs ashkénazes.

S'il ne s'agit pas de solidarité raciale, qu'est-ce qui amène ainsi le sayan à encourir le risque d'années d'emprisonnement ? Qu'avait Jonathan Pollard à l'esprit lorsqu'il décida de trahir, à l'évidence, son pays ? Qu'ont ces quelque deux mille sanayim, ici, à Londres, à l'esprit quand ils trahissent leur Souveraine ? Je suppose qu'il ne nous reste plus, en l'occurrence, qu'une possibilité : la solidarité des juifs du troisième type. Il s'agit, par définition, de la solidarité entre des gens qui se considèrent fondamentalement juifs. J'ai tendance à voir dans le témoignage d'Ostrovsky un document très fiable. Comme nous le savons, à l'époque, le gouvernement israélien avait recours à tous les moyens possibles et imaginables afin de stopper la publication de ses livres. En réalité, cette bizarre censure valait confirmation au centuple qu'Ostrovsky était bien un agent du Mossad et que l'histoire qu'il racontait était très vraisemblablement authentique.
Dans une interview radiodiffusée, Joseph Lapid, un grand éditorialiste israélien de l'époque, s'était déboutonné, annonçant au monde entier ce qu'il pensait d'Ostrovsky : « Ostrovsky est le pire traître juif de l'histoire juive contemporaine. Et il n'a pas le droit de vivre, à moins qu'il ne soit prêt à revenir en Israël et à s'y voir confronté à ses juges. » [5].

Valerie Pringle, la journaliste qui l'interviewait, demanda alors à Lapid : « Vous avez le sentiment que les propos que vous venez de tenir sont bien responsables ? »

Lapid : « Bien sûr, je dis ma conviction. Et malheureusement, le Mossad ne peut le faire, car nous ne pouvons mettre en danger nos relations avec le Canada. Mais j'espère qu'il y aura un juif digne de ce nom, au Canada, qui fera ça pour nous, à notre place. »

Pringle : « Vous l'espérez ? Vous pourriez vivre, en ayant son sang sur les mains ? »

Lapid : « Oh nonŠ Il ne s'agit pas deŠ Non, bien sûr, je n'aurai jamais son sang sur les mains. Ce sera justice, pour un homme qui fait les choses les plus horribles qu'un juif puisse imaginer, à savoir : il est en train de vendre l'Etat juif et le peuple juif à nos ennemis et, cela, pour de l'argent. Il n'existe rien de pire qu'un être humain ­ si tant est qu'Ostrovsky puisse être qualifié ainsi ­ puisse faire ».

Lapid, qui allait devenir plus tard membre du cabinet ministériel de Sharon, met les points sur les « i » d'une manière on ne peut plus claire : être juif, c'est un engagement profond qui va bien plus loin qu'un quelconque ordre légal ou moral. Etre juif, c'est quelque chose de bien plus essentiel qu'une quelconque perception éthique universelle. A l'évidence, pour Lapid, la judaïté n'est pas une position morale, c'est un engagement politique. C'est une vision du monde qui s'impose jusqu'au plus petit des juifs, sur cette Planète. Comme il dit : « le Mossad ne peut pas vraiment assassiner Ostrovsky », donc : on laisse ça à un « honnête juif canadien », qui se chargera de la basse besogne. Bien entendu, un journaliste sioniste exprime ici l'opinion la plus outrageante qui se puisse concevoir. Il encourage un coreligionnaire juif à commettre un crime, au nom de la fraternité juive. En bref, non seulement Lapid confirme la véridicité de la dénonciation du monde des sanayim par Ostrovsky, mais il confirme l'opinion de Weizmann, lorsqu'il dit que, du point de vue sioniste, il n'y a pas de juifs canadiens, mais seulement des juifs, qui se trouvent vivre au Canada.

Je pense que ce que nous venons de voir nous permet largement de conclure que, tout du moins, aux yeux des sionistes, la judaïté est fondamentalement une opération internationale en réseau. Ostrovsky appelle cela « solidarité raciale ». Personnellement, j'évoque une fraternité entre juifs du troisième type, et Weizmann appelle cela « sionisme ». Mais tout ceci désigne une seule et même chose. Dans tout ceci, il s'agit d'engagement dans un programme mondial qui mobilise de plus en plus de juifs dans un compagnonnage obscur et dangereux. Apparemment, le sionisme ne se limite pas à Israël. Israël n'est qu'une colonie, une tête de pont territoriale pérennisée par la violence par une force spéciale composée de juifs de troisième catégorie. En fait, l'entreprise sioniste n'a pas de véritable centre géographique. Bien difficile de déterminer où se trouve le centre de prise de décision sioniste ? A Jérusalem ? A la Knesset, au sein du cabinet ministériel de Sharon, au Mossad, ou peut-être encore dans les bureaux de l'Anti-Defamation League, en Amérique ? Ce centre peut tout aussi bien se trouver à Wall Street ? Qui sait ?

Mais dès lors, il est bien entendu plus que possible qu'il n'y ait pas de centre de décision, du tout. La beauté d'un système opérationnel en réseau, c'est justement qu'aucun opérateur pris individuellement, dans le réseau, n'est totalement au courant de son fonctionnement : il est seulement conscience de son rôle personnel, à l'intérieur dudit réseau. C'est là probablement la principale force du mouvement sioniste.

Voir dans le sionisme une opération d'un réseau planétaire, voilà qui entraînerait un saut qualitatif majeur dans notre vision des affaires mondiales actuelles :

Ainsi, par exemple, les Palestiniens ne seraient pas seulement les victimes de l'occupation israélienne : ils seraient bien plutôt les victimes des juifs du troisième type, qui ont décidé de transformer la Palestine en un bunker national juif. Les Irakiens seraient plus justement définis si on les considérait comme les victimes de ces juifs du troisième type, qui ont décidé de transformer l'armée américaine en un force opérationnelle juive. Le monde musulman devrait être perçu comme en butte à une tendance néoconservatrice du troisième type de faire de l'idéologie démocratique de Sharansky la nouvelle Bible américaine à l'usage du tiers-monde. Oui, c'est profondément déprimantŠ

Le juif humaniste


La militante palestinienne Rim Abdelhadi, à qui on demandait son avis sur des militants antisionistes juifs, répondit sarcastiquement : « Ils sont très gentils, tous, les cinquante qu'ils sontŠ »

Nous devons admettre que les juifs combattant le sionisme se comptent sur les doigts d'une main. Toutefois, parmi ces quelques rares juifs qui s'engagent dans cette bataille, nous trouvons des personnes qui insistent à rappeler qu'ils le font sous une bannière juive, comme par exemple : « Les juifs contre le sionisme » ; « Les juifs pour la justice pour les Palestiniens », etcŠ

Tout en rédigeant ce papier, j'ai commencé à me demander à quelle catégorie appartiennent ces juifs de gauche. Clairement, ils ne correspondent pas au premier type. La gauche juive est une tendance athéïste « religieuse ». Ils n'aiment vraiment pas impliquer Dieu dans la politique ou dans quoi que ce soit d'autre. Dans la plupart des cas, ils sont hostiles au judaïsme et même à ces juifs orthodoxes qui se trouvent s'opposer catégoriquement au sionisme. Mais le judaïsme n'est pas la seule chose qu'il détestent. Ils ne sont pas non plus particulièrement fans de l'islam ou du christianisme. Ceux d'entre eux qui prônent l'idée d'une solution à un seul Etat insistent sur le fait que la future Palestine doit être un pays « laïque » et « démocratique ». Bien que je ne sois pas dans une position telle que je puisse me permettre de suggérer ce que sera la future Palestine, je voudrais simplement proposer qu'il appartient aux citoyens de ce futur Etat de décider dans quel type de régime ils préfèrent vivre.

Quoi qu'il en soit, ces juifs de gauche ne correspondent pas non plus au deuxième type. Ils ne se considèrent pas comme des humanistes ordinaires qui se trouvent être d'origine juive. Si tel était le cas, ils rejoindraient tout simplement le mouvement de solidarité avec les Palestiniens, comme d'autres juifs qui choisissent d'agir principalement en humanistes. Mais, dans ce cas, plutôt que de rejoindre la campagne de solidarité, ils mettent en place des cellules politiques exclusives, qui leur permettent d'opérer sous la bannière juive. Par conséquent, nous devons bien admettre qu'ils appartiennent aux juifs du troisième type. De fait, ils préfèrent se considérer comme « des juifs qui ont des idées de gauche ».

Evidemment, parmi ces groupes, vous trouverez des gens merveilleux, qui pensent sincèrement que le sionisme est erroné, que le sionisme est raciste et nationaliste. Mais, en fait, ces gens sont eux-mêmes en train d'agir à la manière de juifs de troisième type. Ils agissent tous, politiquement, sous une bannière juive. Du point de vue pratique, ils appartiennent, tous, à l'école de Weizmann. Plutôt que des humanistes qui se trouvent incidemment être juifs (de deuxième type), ce sont des juifs qui se trouvent être humanistes. Mais alors, étant donné qu'agir politiquement sous une bannière juive, c'est en réalité la définition même du sionisme, ils est raisonnable d'en déduire que toute activité juive de gauche n'est, en pratique, ni plus ni moins qu'une forme de sionisme de gauche. On peut à juste titre se demander s'il est possible d'être un sioniste de gauche ? Peut-il exister une droite et une gauche, dans un réseau fondé initialement sur une catégorie raciale et sur une fraternité clanique ?

La réponse, bien entendu, est : « non ». Il n'y a ni gauche ni droite au sein du sionisme, mais bien plutôt différents appareils politiques de droite. Certains manifestes politiques sionistes adoptent la forme du discours de gauche. J'ai remarqué, par exemple, que les marxistes juifs insistent à s'appeler « camarades » entre eux. De fait, ils sont avant tout engagés dans les rituels verbaux du marxisme. Mais, apparemment, cela ne suffit pas. L'idéologie est plus qu'un simple jeu rhétorique. En réalité, ces clubs juifs de gauche jouent le rôle d'un bouclier de protection de l'identité du troisième type. Ceci peut expliquer le fait qu'en ce qui concerne la campagne de solidarité avec les Palestiniens, ces groupes sont essentiellement voués à protéger des intérêts juifs du troisième type qui n'ont qu'un rapport extrêmement lointain avec les Palestiniens et avec leurs souffrances quotidiennes.

Pour être encore plus précis, ces associations juives de gauche sont essentiellement engagée dans la chasse aux « antisémites, aux négationnistes et aux judéophobes ». D'une manière générale, ils les trouvent toujours parmi les juifs du deuxième type les plus militants et les plus dévoués. Apparemment (c'est du moins ce que je pense), pour ces cellules juives sporadiques, la solidarité palestinienne n'est qu'un instrument de plus, qui leur permet d'attirer l'attention sur le mythique humanisme juif. Je vais m'efforcer d'être extrêmement clair et transparent, ici. Il n'y a pas d'humanisme laïc juif. Bien entendu, beaucoup d'humanistes se trouvent être juifs, et néanmoins il n'existe pas une seule théorie humaniste juive laïque, ni un seul texte humaniste juif laïc. [6] Ceci, en raison du fait que la solidarité juive n'est pas un positionnement philosophique. Il s'agit bien plutôt d'un abandon total de Dieu. La sécularité juive est une forme d'ethnicité, fondée tout simplement sur des tendances à l'exclusivisme et à une vague mémoire collective d'un vague héritage rituel.

Alors : y a-t-il une conspiration juive visant à gouverner le monde ?

Pas vraiment. Tout d'abord, il doit être clair que les juifs des premier et deuxième types n'ont rien à voir avec ce que nous avons décrit plus haut. Pour les juifs du premier type, être juif, cela signifie pratiquer le judaïsme. Répondre à un appel spirituel et obéir aux commandements divins. Comme nous le savons, le sionisme est toujours très loin d'être populaire auprès des rabbins ultra-ortodoxes. Cependant, je reconnais que d'aucuns pourraient à bon droit arguer du fait qu'en observant les enseignements de la loi talmudique, beaucoup de juifs religieux se considèrent eux-mêmes comme une catégorie choisie. Pour moi, ceci signifie simplement qu'ils relèvent plus du troisième type que du premier. Ceci vaut probablement pour les sectes orthodoxes qui se sont ralliées au sionisme, tout au long de l'histoire.

Les juifs du deuxième type n'ont nulle intention de prendre part à un quelconque réseau juif mondial. Ils se considèrent des êtres humains ordinaires et libérés, qui n'ont aucun privilège. Parmi les juifs de deuxième type, nous trouvons les humanistes les plus émancipés et les plus éclairés, de très grands intellectuels qui ont contribué à la pensée libérale et humaniste du vingtième siècle. Comme nous le savons, pratiquement aucun de ceux-là n'avaient un quelconque rapport ni avec Israël, ni avec une faction sioniste.

Avec les juifs du troisième type, nous sommes confrontés à un petit problème. J'ai tendance à penser que les juifs du troisième type agissent ensemble, mutuellement. Mais savoir s'ils en sont entièrement conscients, telle est la grande question ? Au fil du temps, ils ont formé un réseau qui fonctionne à la manière d'un bouclier protecteur sioniste, d'envergure planétaire. Ils agissent simplement en harmonie, ils se « couvrent » mutuellement. Lorsqu'il leur arrive d'entrer en conflit entre eux, c'est une image de pluralisme qu'ils donnent à voir à l'extérieur. Je pense que c'est précisément en cela que réside l'essence du succès miraculeux du sionisme.

Il y a environ huit jours de cela, j'ai lu une analyse brillante de Rowan Berkely sur le site ouèbe Peacepalestine. Rowan, un Londonien que je connais vaguement, a courtisé l'idée, par le passé, de se faire juif. Dans le commentaire ci-après, il vise à expliquer l'approche juive communément répandue du sionisme. De fait, sans s'en rendre compte, il décrit la tactique du troisième type : « Tout d'abord, ils vous demandent si vous pensez que le nationalisme (juif) est une bonne, ou une mauvaise chose ? Si vous dites que c'est quelque chose de bien, ils vous adresseront à la droite juive, qui vous dira que les juifs ont plus que le droit d'être nationalistes que quiconque.

Si vous dites, en revanche, que le nationalisme (juif) est une mauvaise chose, ils vous adresseront à la gauche juive, qui vous dira que vous n'êtes pas autorisé à protester contre le sionisme en vous fondant sur autre chose que le marxisme ou l'internationalisme prolétarien anarchiste ­ c'est ce qui leur permet de disqualifier quasiment tous les mouvements antisionistes actuellement existants dans le monde arabe.

S'ils peuvent s'en tirer à bon compte, avec ce jeu de bonneteau idéologique, c'est parce que toute arène discursive individuelle est contrôlée par l'une ou l'autre des factions juives. » [7].

En effet ; je pense que l'analyse de Rowan enfonce bien le clou, en tapant juste sur la tête. Il a absolument raison. Mais dès lors, à la différence de Rowan, je pense que les juifs contre le sionisme [Jews Against Zionism] sont sincères. Simplement, ils combattent le sionisme sans se rendre compte qu'ils sont sionistes eux-mêmes. Sans se rendre compte qu'ils sont les adeptes les plus orthodoxes de l'école weizmannienne. Si, véritablement, ils sont intéressés à dézinguer le sionisme, leur tactique est à l'évidence erronée.

J'ai écrit à certains d'entre eux à ce sujet, j'ai constaté qu'il y avait débat sur mes opinions, dans beaucoup de cercles juifs de gauche différents, et néanmoins, je ne suis jamais tombé sur une seule réponse argumentée provenant de l'un quelconque de ces groupes exclusivistes. Plutôt que de se confronter à mes idées, ils se consacrent uniquement à coller des étiquettes sur les gens. J'ai déjà été, sous leur plume, qualifié notamment de «juif haineux de lui-même », de « fondamentaliste chrétien », de « négationniste de l'Holocauste », d'«apologiste des négationnistes de l'Holocauste », de « néonazi », de « stalinien », d'«agent sioniste », d'«antisémite »Š etc, etcŠ

Voici une quinzaine de jours, un petit groupe de juifs de gauche ont fait le pied de grue, contre moi, devant une librairie marxiste. J'ai essayé de leur écrire en arguant du fait que si la Palestine était vraiment leur priorité, ils devraient aller manifester devant l'ambassade d'Israël ou devant n'importe quelle institution juive du troisième type, car cela serait beaucoup plus efficace. Mon appel a été rejeté d'un revers de la main.

J'ai pleinement conscience du fait que me crucifier et brûler mes livres soit, à n'en pas douter, une pratique digne du troisième type, mais malheureusement cela n'aidera en rien le Palestiniens maltraité à un checkpoint. Cela n'aidera en rien les millions de réfugiés qui vivent depuis près de soixante ans, privés de leurs droits les plus élémentaires.

Israël est une création politique inhumaine. C'est par conséquent en tant qu'êtres humains que nous devons le combattre, et non pas en tant que groupes sporadiques, qu'ils soient de nature ethnique ou religieuse.

[1] (Chaim Weizman, First Zionist Congress 1897).
[2] (Shylock, The Merchant of Venice by William Shakespeare).
[3] By Way of Deception", Victor Ostrovsky , St. Martin's, 1990 pg 86-7
[4] Ibid pg 87
[5] http://www.washington-report.org/backissues/0195/9501017.htm
[6] Dans ses débuts, le sionisme ambitionnait de fonder une philosophie de cette nature, une forme d'éthique juive séculière. A l'évidence, une telle tentative était condamnée à échouer. Ne serait-ce que parce que le sionisme est amoral par définition, engagé qu'il est dans l'épuration ethnique perpétuelle contre la population indigène de la Palestine.
[7] http://peacepalestine.blogspot.com/

Sur le web, la cyber-bataille de Londres fait rage
par Israël Shamir

[Les Sages de Londres, alias les Enfants de Foxman (Tony Greenstein, Deborah Maccoby et Roland Rance) se sont alliés au sioniste blairiste Aaronovitch afin d'attaquer Deir Yassin Remembered [DYR - Deir Yassine Commémorée, une association britannique, ndt]. Le président de DYR, Dan McGowan, répond ci-après.]

La campagne de dénigrement contre Deir Yassin Remembered


Depuis le début du printemps, on assiste au Royaume-Uni à une campagne visant à dénigrer Deir Yassin Remembered, essentiellement parce qu'Israël Shamir a été élu au conseil d'administration de cette association (depuis plus d'un an), mais aussi en raison des écrits et des commentaires de notre directeur au Royaume-Uni, Paul Eisen, et d'un de nos hôtes lors de la plus importante manifestation de DYR, cette année, à Londres, le célèbre jazzman Gilad Atzmon. Un tas de fausses accusations ont été lancées contre DYR, provenant pour la plupart de Tony Greenstein et de Deborah Maccoby, que Gilad a surnommée à juste titre « la Reine du Cyber-Chtetl ».

Greenstein a publié récemment un article, dans lequel il écrit : « Le conflit au sujet de Gilad Atzmon est superfétatoire. Atzmon est le principal porte-parole d'un fasciste suédo-russe, un certain Israël Shamir. C'est quelqu'un dont les partisans ont pris le contrôle d'une association appelée Deir Yassin Remembered, dont le vice-président est Paul Eisen. Dans un e-mail daté du 12 juin dernier, Atzmon m'écrivait qu'il « correspondait bien avec Shamir, de temps en temps » et qu'il « trouvait que Shamir est un homme très charmant et plutôt amusant. Mais pour être plus précis, mes liens avec Shamir sont purement intellectuels. Je considère (en effet) que Shamir est un penseur d'avant-garde, absolument unique. »

Discuter sur le ouèbe avec des gens tels Greenstein et Maccoby est évidemment une perte de temps, mais j'aimerais signaler aux membres de notre forum quelques points particulièrement gratinés :

Shamir est israélien. Il a beau être né en Russie, avoir vécu en Suède, étudié en Angleterre, visité le Japon, que sais-je encore, reste qu'il est israélien. Il a fait la guerre pour Israël (en 1973) ; il réside et travaille en Israël ; un de ses fils y vit ; son épouse y réside, et sa mère aussi. Greenstein et Maccoby s'affirment antisionistes dans un Londres parfaitement sûr et policé. Shamir est antisioniste, lui, en Israël. La différence se passe de commentaire.
Shamir a contribué à DYR durant plusieurs années, tant financièrement qu'en nature. Voici trois ans de cela, il fut notre orateur délégué à Kuala Lumpur et en Australie. L'orateur, cette année, fut Uri Davis, un autre antisioniste authentique, et en même temps un opposant zélé d'Israël Shamir. Mais à la différence de Greenstein et de Maccoby, qui font tout pour porter atteinte à DYR, Uri Davis a travaillé avec nous, et avec nos remarquables secrétaires Colin Andersen, Hishamuddin Ubaidulla et Avigail Abarbanel (lequel, au passage, est lui aussi israélien).

Jeff Halper a quitté le conseil d'administration de DYR afin de protester contre la présence en son sein de Shamir. Mais Jeff n'a pas attaqué DYR. Au contraire, il nous a aidés à organiser la cérémonie de DYR, cette année, à Jérusalem, et il a aidé notre cinéaste, venu du Canada, à enregistrer l'événement. Il est peut-être en désaccord avec Paul Eisein, à propos de son article fondateur intitulé « Jewish Power », mais il ne le qualifie ni d'antisémite, ni de juif haineux de lui-même, ni de négationniste, ni d'un quelconque autre nom d'oiseau, d'ailleurs.

Gilad Atzmon soutient activement DYR, et il a donné un concert magnifique, au profit de notre association, à l'Eglise St Johns Wood de Londres, le 9 avril. L'église était pleine à craquer, le public était très composite, avec nombre de juifs, d'arabes et d'autres. Ce fut notre commémoration la plus marquante des trente que nous ayons organisées cette année. Gilad a été très généreux pour DYR, et il n'hésite pas à dire la vérité en ce qui concerne le sionisme.

Tony Greenstein a écrit : « Je ne cacherai pas que je souhaite voir le plus tôt possible la fin de [l'association] Deir Yassin Remembered. » Il n'est pas le seul : je suis certain que cet sentiment est partagé par Elie Weisel, Alan Dershowitz, Abe Foxman et les autres suprématistes juifs, qui s'évertuent à effacer l'histoire palestinienne. Mais notre croissance et le soutien jamais démenti que nous recevons ne manqueront pas de décevoir tout ce petit monde.

[Voir, à ce sujet, le nouvel article de Gilad Atzmon : Les juifs du troisième type et le mouvement de solidarité avec la Palestine.