Une expulsion programmée...

Nous connaissons bien Jawad Bishetad qui a participé à plusieurs
Rassemblements pour la Palestine et qui était souvent présent
devant la Fontaine des Innocents les derniers samedis du mois.
Il est vrai que ses écrits sont souvent très virulents et peuvent
choquer... mais est-ce une raison pour l'expuser?

Quelle société nous prépare-t-on ?

Kemi Seba est en prison pour ses paroles,

Jawad Bishetad est expulsé pour ses écrits,

Michel Dakar est menacé de comparution psychiatrique pour ses
écrits,

J'ai été tabassée par des malfrats sionistes pour mes écrits et mes
interventions.

C'est la plume et la parole qu'il nous faudra bientôt libérer.

Ginette HS

 

De: Basta! azls2006@yahoo.fr

Par Fausto Giudice, 3 mars 2007


Je ne connais pas personnellement Jawad Bishetat mais seulement
par ouï-dire. Cet Iranien de plus de 50 ans vit en France depuis 26
ans. Il ne va plus y vivre très longtemps. Jawad est en ce moment «
retenu » au « centre de rétention » de Vincennes dans l'attente
d'être mis dans un avion pour Téhéran.' J'ai pu parler aujourd'hui
avec lui au téléphone. Voici ce qu'il m'a raconté :
« À mon retour d'un voyage à Istanbul le 26 février, j'ai trouvé chez
moi une lettre recommandée me convoquant au 8ème Bureau du
5ème étage* de la préfecture de Police à Paris, où je me suis donc
rendu le 28 février. Là, on m'a signifié que j'étais expulsé de France
par arrêté du ministre de l'Intérieur. Le motif ? Mes écrits «
antisémites », m'ont dit les policiers.


Puis ils m'ont conduit au Centre de rétention de Vincennes, où nous
sommes une cinquantaine, une vingtaine d'Algériens, des
Pakistanais, des Égyptiens, des Bangladeshis. Avec un Algérien et un
pakistanais, nous avons entrepris de nettoyer la salle de prières et
nous allons demander à l'ambassade saoudienne de nous forunir un
tapis. Ici, on nous sert de la viande de porc, dont la plupart des
détenus jettent tout à la poubelle. Il est impossible de dormir, il y a
un bruit permanent.

Ils m'ont demandé si je voulais introduire un recours contre l'arrêté
du ministre de 'Intérieur. J'ai répondu que non, que je préférais
repartir en Iran, mais qu'il fallait qu'on m'accompagne chez moi pour
que je récupère mon passeport. Les policiers on tout d'abord dit «
d'accord », puis ils ont changé d'avis. Ils ont donc demandé au
consulat iranien de me fournir un laissez-passer. Le consulat a
refusé, à juste titre, en disant que j'avais un passeport valable.

J'essaye donc de joindre un ami qui puisse aller chercher mon
passeport et le rapporter au centre afin que je puisse enfin rentrer
chez moi.

Je suis le huitième Iranien expulsé depuis trois mois. À mon arrivée
ici, il y avait deux autres Iraniens, mais ils ont disparu : je ne sais
pas s'ils ont été expulsés ou remis en liberté. Les policiers m'ont dit
que je pourrais rester enfermé ici 15 jours. »

Je propose à Jawad de noter mon numéro de téléphone au cas où il
aurait besoin de me rappeler. « Impossible », me répond-il, « ici, les
stylos sont interdits. »

C'est vrai, le stylo peut s'avérer être une arme très dangereuse.
C'est pour avoir utilisé cette armé que Jawad est expulsé.

Il a écrit contre le sionisme et l'occupation de la Palestine. S'il
avait
été un bon Français, la LICRA et le CRIF l'auraient traîné en justice.
Mais comme il n'est qu'un vulgaire Persan, il suffit de l'expulser.
Et Jawad est d'accord. Donc, ce n'est pas un comité pour exiger sa
libération qu'il faut créer, mais un comité pour exiger que son
expulsion puisse avoir lieu, au plus vite.

On respire mieux à Téhéran qu'à Vincennes. Notre slogan sera donc
: « Expulsez Jawad Bishetat ! »

Ce qu'on peut conclure de cette affaire, c'est que Sarkozy, dans le
cadre des préparatifs de guerre US contre l'Iran, a décidé de
nettoyer le territoire français de tout élément susceptible d'organiser
un mouvement de protestation contre la guerre qui vient. Ça ne
nous promet pas des lendemains qui chantent.

* Dans la France des années 30, ce fameux 5ème étage était
célèbre parmi tous les exilés allemands, puis autrichiens et
tchécoslovaques qui avaient fui le nazisme. Plusieurs de ceux d'entre
eux qui apprirent là leur expulsion préférèrent se jeter dans le vide
du haut de cet étage plutôt que d'être remis à la police de leur pays.
Mais Jawad ne craint rien à Téhéran : il ne s'est donc pas jeté du
5ème étage.

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Envoyé par Basta ! dans Basta ! le 3/03/2007 02:47:00 PM